Gérald Pandelon, avocat à Paris et à la cour pénale internationale livre ici son analyse au site Atlantico, suite à l’interpellation d’une militante du collectif féministe identitaire Némésis
Atlantico : Yona, une militante du collectif féministe identitaire « Nemesis », a été placée en garde à vue en raison d’une action engagée par son organisation. Elle a défilé, à Besançon, avec une pancarte sur laquelle était rédigé un message anti-immigration (« Libérez nous de l’immigration » et / « Violeurs étrangers dehors »). Que peut-on dire de cette affaire ? Sur quelle base juridique a-t-elle été placée en garde à vue ?
Gérald Pandelon : Quels sont les faits ? Yona, 18 ans, a été placée en garde-à-vue après avoir demandé l’expulsion des violeurs ressortissants étrangers et par conséquent l’exécution des OQTF (obligations de quitter le territoire français). Dans un monde normal, celui qui estimerait qu’un crime (le viol) perpétré par un voyou accompagné de la circonstance aggravante d’une présence en situation irrégulière est scandaleux serait regardé comme un citoyen ordinaire, ayant émis une opinion au nom de ses libertés individuelles constitutionnellement garantis, au premier rang desquelles celles de s’exprimer librement. La difficulté c’est que notre post-modernité repose sur une inversion des valeurs et, plus encore, sur une défaite de la vérité.