Nouveau livre d’Alexandre del Valle : « Le Chaos syrien: Minorités et printemps arabes face à l’islamisme »
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Description lucide et sans langue de bois de la menace totalitaire représentée par le "jihadisme 2.0", ce nouveau livre d'Alexandre del Valle écrit avec l’intellectuelle chrétienne syrienne Randa Kassis sort dès ce 28 novembre en librairie.
En spécialiste de la désinformation et de l’islamisme radical, Del Valle explique d’emblée – avec son co-auteur, la courageuse militante laïque syrienne (chrétienne) – que « le double but de Da’ech (Etat Islamique) et des islamo-terroristes en général n’est pas du tout de tuer pour tuer, ce qui reviendrait à méconnaître les lois du terrorisme, mais plutôt de provoquer un « syndrome de Stockholm » généralisé chez les publics arabes et occidentaux psychologiquement terrorisés. L’objectif des psychopathes de l’Etat islamique et de leur Calife « Ibrahim » (alias Abou Bakr al Baghdadi) est également de « susciter du même coup une fascination lugubre au sein de la minorité active d’êtres humains qui est naturellement fascinée par la barbarie (…) ».
« La stratégie de la sidération »
« La guerre livrée par le totalitarisme islamiste est au moins autant psychologique et médiatique que militaire ou terroriste. L’extrême efficacité marketing de ces insoutenables mises en scène ne doit jamais être sous-estimée ou mise sur le compte de la simple folie, car cette stratégie de la sidération explique pourquoi des villes et villages entiers de Syrie et d’Irak ont été conquis par l’EI très souvent sans que les jihadistes n’aient eu à combattre. Le but des égorgeurs de Da’ech est avant tout de saper le moral de l’ennemi et de faire parler d’eux au maximum grâce au pouvoir multiplicateur quasi infini des réseaux sociaux. Cette stratégie de guerre sémantique et psychologique est fondée sur de vieilles méthodes connues de tous les manipulateurs-désinformateurs : sidération de la proie, retournement sémantique, renversement des rôles, culpabilisation et diabolisation de la cible et de ses alliés. Elle ne doit surtout pas être sous-estimée par des Occidentaux complexés et réceptifs aux arguments d’autres islamistes, quant à eux apparemment plus « modérés », qui leur assènent chez nous la même propagande subversive et culpabilisante selon laquelle il y aurait un « complot occidental » contre le monde musulman ».
Dans leur chapitre sur la genèse et l’histoire de Da’ech, les auteurs rappellent que le premier à avoir « professionnalisé» à l’échelle planétaire et de façon très moderne cet atroce modus operandi alliant barbarie et vidéo-sidération (égorgements en direct posté sur le web) fut Abou Moussab al-Zarqaoui, l’ex-chef d’Al-Qaida en Mésopotamie et précurseur de Da’ech. C’est par ces assassinats-décapitations « live » que l’Etat islamique a réussi à supplanter la vieille garde d’Al-Qaida et même la figure charismatique de Ben Laden, désormais presque ringardisé par les « nouveaux barbares 4 G » de Da’ech… En effet, ces derniers ne sont pas de simples « intégristes obscurantistes », comme on l’entend ou le lit souvent dans les médias occidentaux. Mais ils sont au contraire ultramodernes, à leur manière, bien plus « interconnectés », « mondialisés » et férus de réseaux sociaux ou de smartphone que leurs anciens mentors aux méthodes de communication périmées.
« La dénonciation de la soi-disant « islamophobie », carburant ressentimental des totalitaires verts
Del Valle-Kassis poursuivent en s’en prenant au mythe de l’« islamophobie » dont seraient coupables les Occidentaux et que les coupeurs de tête de l’Etat islamique mettent en avant pour justifier leurs atrocités: cette vulgate victimiste, carburant de tous les totalitarismes, pénètre non seulement depuis des décennies les pays musulmans, mais aussi les sociétés d’Occident qui offrent d’ailleurs en pâture leurs propres citoyens musulmans aux prédicateurs barbus, eux-mêmes appuyés et formés par nos étranges « amis » du Golfe et autres « alliés » obscurantistes, fabricants de fanatiques. Il s’agit par conséquent de ne pas prêter le flanc aux arguments subversifs des fous de Dieu et de traiter chez nous, avec la plus grande fermeté, les propagandistes islamistes qui viennent fanatiser nos jeunes premièrement en se posant en « défenseurs » des musulmans « victimes de l’islamophobie » et deuxièmement en distillant une conception théocratique de l’islam totalement opposée à nos valeurs, sous prétexte de « droit à la différence » et de respect du pluralisme.
L’exemple terrifiant de la Mosquée de Lunel, de tendance Tablighie (école ultrafondamentaliste indopakistanaise très présente en Europe), où ont été fanatisés à leurs débuts les jihadistes français partis combattre en Syrie, est là pour faire réfléchir et prendre la mesure de la nature désormais endogène et nationale de la menace islamo-terroriste qui est D’ABORD idéologique et fruit d’un prosélytisme que nos dirigeants politique ont lâchement laissé prospérer sur notre sol depuis des décennies et ce, en toute impunité.
Concernant le conflit syrien, les auteurs expliquent tout aussi clairement et avec moult exemples et détails que « la rébellion sunnite syrienne est dominée, et ceci depuis le début de l’insurrection armée, par des "fanatiques barbus " et que nous devons avoir le courage de ne pas céder à l’islamiquement correct qui consiste à croire que l’on pourrait jouer la carte "d’islamistes modérés" face au régime syrien qui est d’ailleurs loin d’être sur le point de s’écrouler…
La Syrie n’est pas la Libye…
Pour répondre aux inconscients adeptes du « regime change » qui auraient souhaité renverser, dès 2012, le régime de Bachar al Assad, quitte à mettre en place des adeptes de la Charià, Del Valle-Kassis rappellent dans cet essai riche en informations croustillantes sur les Alaouites, les multiples groupes islamistes, les rapports de force régionaux, etc, que les précédents de l’Irak (2003) et de la Libye (2011) sont là pour montrer que le renversement, par des bombardements aériens meurtriers, de dictatures qui persécutent leurs opposants islamistes n’a jamais eu pour effet de rendre ces derniers plus pacifiques… Encore moins de « calmer leur colère » qui trouve d’ailleurs toujours de nouveaux prétextes »… De ce fait, et fort des douloureuses expériences régionales passées, les auteurs expliquent « qu’une intervention militaire occidentale déclenchée, même au tout début de l’insurrection anti-Assad, aurait accéléré le chaos et serait à la fois dramatique pour les minorités religieuses (notamment alaouite, chrétienne, ismaélienne ou chiite) et irréaliste diplomatiquement, car elle exclut d’office toute négociation avec le pouvoir qui demeure, qu’on le veuille ou non, incontournable ».
Ils rappellent que « la rébellion syrienne n’a depuis longtemps déjà plus grand-chose de syrien puisqu’elle est dominée par des légions jihadistes internationales dont le projet politique n’est pas du tout la nation syrienne et encore moins la démocratie, mais le Califat universel… Le fait qu’entre 3000 et 4000 « volontaires » occidentaux aient rejoint cette internationale jihadiste en dit long sur le chaos syrien ».
« Choisir entre le choléra de l’islamisme jihadiste en intervenant contre la peste d’une dictature militaire n’aurait pas plus de sens stratégique que de cohérence. Car d’un point de vue géopolitique, la Syrie est devenue aujourd’hui, avec l’Irak et le Liban, le théâtre majeur d’un affrontement régional auquel se livrent par procuration l’Iran chiite et ses ennemis sunnites du Golfe, Arabie saoudite en tête, dans le cadre d’une triple guerre totale : politique, religieuse et économique. L’enjeu est ni plus ni moins le leadership du monde musulman et l’extension de la profondeur stratégique de chacun des deux camps ».
Après avoir fait un rappel historique sur la Syrie et la région, les auteurs consacrent une partie cruciale de leur ouvrage à la terrible guerre civile régionale qui oppose, d’une part, l’axe chiite-alaouite pro-iranien et, de l’autre, l’axe sunnite prosaoudien (puis proturc, proqatari, etc), ceci « sur fond de « nouvelle guerre froide » opposant également (de l’Ukraine au dossier du nucléaire iranien), les puissances occidentales à la Russie et à ses alliés, dont la Chine, qui refusent toute ingérence de l’Occident dans les affaires de l’Etat syrien.
Si la situation en Syrie semble actuellement sans issue, cela vient aussi du fait que des Etats de la zone et même que certaines puissances mondiales n’ont cessé d’attiser le conflit et se nourrissent de l’hétérogénéité syrienne au lieu de proposer des solutions de paix réalistes qui passent forcément par un dialogue avec des éléments du régime de Damas. Mais les auteurs ne se contentent pas de s’indigner, comme nos va-t-en-guerre à la BHL, ou de prôner une hypothétique et stupide intervention contre le régime d’Assad, dont on a vu les résultats catastrophiques avec les cas irakien et libyen… Ils proposent au contraire de réelles solutions de sortie de crise fondées sur la realpolitik et le pragmatisme. Celles-ci passent par un dialogue avec toutes les forces, notamment les Alaouites et le régime baathiste en place, ceci afin de mettre en place une « plateforme de négociation" qui viserait à élaborer un projet de « réconciliation nationale » susceptible de concilier, à terme, à la fois la stabilité nationale, le respect de la laïcité et la pluralité religieuse qui ont existé en Syrie depuis l’avènement du parti Baath et que les partisans de la Charià voudraient supprimer…
Ainsi, selon les auteurs, la double clé politique et géopolitique pour mettre fin à cette terrible guerre civile réside, premièrement, au niveau interne, dans la solution fédéraliste ou confédérale, la seule qui puisse assurer la paix et un « vivre ensemble » sans qu’un groupe n’en tyrannise un autre – mais en laissant toutefois les ministères régaliens aux baathistes-alaouïtes – et deuxièmement, au plan externe, dans la prise en compte des positions non seulement de l’Occident et des autres alliés de l’opposition syrienne, mais aussi de celles de la Russie et de l’Iran, alliés du régime syrien, donc incontournables. Car aucune paix ne sera possible et durable sans cet équilibre. Il est donc aberrant de n’écouter, comme s’en est contenté hélas le président Hollande jusqu’à aujourd’hui, que les puissances sunnites du Golfe ,marraines du jihadisme wahhabito-salafiste, et leur ami néo-ottoman turc, alliés objectifs de Da’ech et ennemis du chiisme, des alaouites « apostats » et de leurs protégés chrétiens de Syrie.
Un livre à lire ! Alexandre del Valle et Randa Kassis, Le chaos syrien, minorités et printemps arabes face à l’islamisme, Dow éditions, 22 euros, Cartes, Lexique, Index.
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LES PARADOXES DE L’UNION EUROPEENNE
Ce matin encore, les télévisions rappelaient que l’Union Européenne recommandera, ou exigera, de corriger le budget 2015 de la France. Trop dépensière ! Pourquoi alors ne pas examiner ce que le budget français fournit au budget européen ? Adopté en mars 2014, il prévoit que la France contribuera pour 21,9 milliards d’euros, soit 17,6 % des contributions nationales. Pour mémoire : le produit net de l’impôt sur le revenu est de 74 milliards. Contrairement à Jean Jacques Rousseau, nous préférons le préjugé au paradoxe. Ainsi, depuis de nombreuses années manifestons-nous, sans être entendus, notre désapprobation de la politique étrangère à l’égard de la Turquie. Récemment, nous vous avons signalé le rejet d’un amendement à la loi de finances visant à réduire « la participation de la France au budget de l’Union Européenne d’un montant représentant la part de la France dans l’aide européenne à la préadhésion attribuée à la Turquie (163 millions d’euros) ». Nous avons sollicité notre député, M. Deflesselles, pour interroger le gouvernement au sujet des sommes mises à la charge des contribuables pour la préadhésion de la Turquie à l’Europe. Pour nous, il s’agit de cadeaux, seulement de cadeaux, car nos dirigeants avouent que la Turquie n’entrera jamais dans l’Europe. D’autant que l’Union Européenne (UE) engagée dans une guerre au Moyen Orient ne trouve pas dans la Turquie un allié efficace et elle le dit. En outre, nous apprenons aujourd’hui que l’UE a décidé de fournir 450 millions d’euros en 2015 pour la reconstruction de Gaza, soit 80 millions d’euros (17,7 %) à la charge des contribuables français. Ceci nous conduit à trois remarques et à un vœu: 1°) Il est paradoxal de demander à ces contribuables des sacrifices, et d’utiliser le produit de leurs sacrifices à réparer les erreurs ou les fautes de ceux qui ont pris l’initiative et la responsabilité d’engager un nième conflit armé. 2°) Nos députés seraient bien inspirés d’interroger le Quai d’Orsay au sujet de ce qu’ont coûté, les dix dernières années, à la France et à l’Europe l’autorité Palestinienne et le Liban et quel en était le résultat. 3°) L’Europe est une « grande impotente ». Elle est vouée aux rodomontades : Bachard Al Assad, ne tardera pas à être notre allié… elle a échoué dans le conflit ukrainien… Son rôle se limite souvent à être le tiroir-caisse d’actions inefficaces. Elle n’épargne pas, hélas, à notre pays le doublement de ses erreurs. Le vœu ? En matière de politique étrangère, les deniers des Français doivent être utilisés avec parcimonie. L’expérience prouve que, comme un miroir aux alouettes, ce domaine n’apporte de prestige, encore est-il éphémère, qu’aux hommes d’état, et suscite ensuite la désapprobation (la campagne de Libye). Puisse l’évocation de nos erreurs en la matière, avoir des vertus préventives !
LA TAQIYA… A LA FRANCAISE
On ne dit plus « Etat islamique du Levant», mais quelque chose de moins compréhensible. La peur d’accorder à la guerre que nous menons la moindre connotation d’une guerre de religions ! Or, il ne s’agit pas d’une guerre de religions, mais d’un « choc de civilisations ». Mais nos « élites » ont toujours nié la pertinence de cette théorie, à l’évidence par pusillanimité, car il est impensable qu’elles aient été stupides, mal informées, imprévoyantes. Le concepteur de cette théorie, Samuel Huntington (1993) recense 9 civilisations différentes : occidentale, latino-américaine, africaine, islamique, chinoise, hindoue, orthodoxe, bouddhiste et japonaise. Il semble aujourd’hui que la civilisation islamique, ou une fraction plus ou moins importante de celle-ci, soit en conflit avec toutes les autres et dans tous les continents. L’auteur se fonde sur une conception géopolitique simple. Depuis l’effondrement de l’URSS, les conflits ne sont pas causés par des clivages politiques (par exemple capitalisme versus collectivisme), mais par des oppositions culturelles qu’il appelle « civilisationnelles », dont la religion occupe (parfois) l’essentiel. Il écrit : « Dans le monde multipolaire, les oppositions ne sont plus idéologiques, économiques et politiques, mais culturelles. « Les civilisations, en cherchant à répondre à la question « qui sommes-nous ? », se définissent en termes de religion, de langue, d'histoire, de valeurs, d'habitudes et d'institutions». « Des groupes culturels se forment aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale, modifiant considérablement la nature des relations internationales ». A l’origine de sa théorie, il remarquait qu’en 1994 des musulmans de Bosnie défilaient à Sarajevo en brandissant des drapeaux de l’Arabie saoudite et de la Turquie, alors que c’était l’occident qui leur venait en aide. Actuellement, nous sommes en guerre contre des califats. Certains d’entre eux disposent déjà d’un territoire étendu (s’affranchissant des frontières existantes), de ressources, de soldats et de matériel ; d’autres se limitent à des razzias ou des actes terroristes en Afrique en Asie en Australie. Tous se réclament de l’Islam. On peut ergoter sur le bon et le mauvais Islam, on peut même oublier la nature religieuse d’un califat. Il reste cependant qu’il s’agit bien d’une civilisation, dont il est inutile de décrire les aspects, qui s’oppose en tous points à la nôtre, qui n’offre d’autre choix à la dhimmitude que la conversion ou la mort, qui est totalitaire et conquérante, et qui pour cela n’hésite à aucune cruauté. Or, « elle a pour elle le temps, l’espace et bientôt le nombre ». Sans un sursaut de notre part, elle pourrait s’imposer. Qu’il soit dit toutefois qu’un grand nombre de musulmans osent maintenant prendre partie contre le Léviathan. « Osent », car en 2005 un site musulman (melanieyakhou.skyrock.com) publiait une analyse exhaustive des « rapports entre l'Occident et le monde musulman » (30 pages, 106 références), faite par des universitaires, mais l’on cherchait en vain le nom des auteurs. Chacun savait combien il était dangereux pour eux de formuler la moindre critique à l’égard de la religion. Qu’il soit dit alors que l’absence de courage de nos « clercs » aura été responsable de leur réserve, voire de leur crainte. Ces auteurs, pour qui « il n'y a pas de dialogue sans franchise » citaient Aristote qui écrivait : “l'amitié est une belle chose, mais la vérité est plus belle encore”. La « vérité » souhaitée, c’était de ne pas avoir peur des mots, c’était de bien nommer les choses et nos « clercs » n’ont pas crié assez fort que toutes les religions étaient admises à l’intérieur des espaces privés, mais que nous étions attachés à notre civilisation, et que, dès lors que l’on vivait hic et nunc, on en admettait les règles. Nos dirigeants en n’acceptant, pas plus aujourd’hui qu’hier, la pertinence de la théorie du conflit de civilisations, en se payant de mots (la taqiya), finissent par perdre toute lucidité. Ainsi, ils ne paraissent pas persuadés de la permanence d’une guerre sur tous les fronts et ils se demandent encore ce qu’il faut faire, s’il ne faut pas en faire trop (intervenir en Syrie ou seulement en Irak) et quels sont nos alliés objectifs. Personne ne proclame qu’il faut combattre une religion. Il faut seulement se préserver de la civilisation que certains pourraient nous imposer.