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26 Mar2023

Affaire de Sainte Soline

Ecrit par 26 mars 2023. Admin. Publié dans Actualité

Avocat au barreau de Paris et à la Cour Pénale Internationale, Gérald Pandelon est docteur en droit privé-sciences criminelles et docteur en science politique, diplômé de Science-Po. Chargé d’enseignement, auteur de plusieurs ouvrages, il est également membre du Bureau Politique de La Droite Libre.

1- Le ministre de l’Intérieur a fait état d’un premier bilan, à la suite des affrontements qui ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, autour d’une réserve d’eau contestée en construction à Sainte-Soline, ce samedi 25 mars. Il faut compter « 24 gendarmes blessés dont 23 en urgence relative et 1 en urgence absolue », a précisé Gérald Darmanin. « Côté manifestants, 7 blessés, dont 1 en urgence absolue ». Comment en sommes-nous arrivés là ? Que s’est-il réellement passé ce samedi ? Quelles violences ont été commises ?


Afin que mon propos soit le plus didactique possible, il convient au préalable de résumer en quelques lignes les faits qui nous occupent aujourd’hui. Il s’agit de la construction de 16 méga-bassines d’une capacité totale d’environ six millions de mètres cubes devant être construites dans le cadre d’un projet porté depuis 2018 par une coopérative de 450 agriculteurs et soutenu par l’État. L’objectif est dans ce cadre de parvenir au stockage de l’eau puisée dans les nappes superficielles en hiver afin d’irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient, et ce, dans un contexte où la France non seulement recycle peu (0,6 % de réutilisation des eaux usées contre 14 % pour notre voisin espagnol et 90 % pour l’Etat d’Israel) mais également irrigue à peine (4,9 % de la surface agricole de notre territoire contre 20, 2 % pour notre second voisin italien). Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations agricoles face à la menace de sécheresses récurrentes. De leur côté, les opposants dénoncent un accaparement de l’eau par l’agro-industrie à l’heure du changement climatique tout en réclamant un moratoire sur leurs constructions pour lancer « un vrai projet de territoire » sur le partage de l’eau. Le raccordement aux bassines serait en outre conditionné à l’adoption de pratiques tournées vers l’agroécologie avancent les premiers tandis que les seconds dénoncent de vaines promesses. Pourtant, ces bassins ne sont pas contraires à la loi, si l’on admet que leur construction est fortement encadrée, le préfet de chaque département en validant systématiquement la légalité, y compris pour la bassine de Sainte-Soline. C’est ainsi qu’après plusieurs études, notamment une enquête publique et l’avis favorable délivré par la commission d’enquête préalable tout comme celle du parc naturel du Marais poitevin, le chantier a pu démarrer. Or, sans rentrer dans le détail du bien-fondé ou non desdites bassines, dont aucun spécialiste n’est d’ailleurs à même de livrer une version similaire et sans qu’il soit possible d’en convaincre les réfractaires, c’est encore par la violence que les opposants entendent, comme pour la question des retraites, faire valoir leur opinion. Dans un contexte où les forces de police apparaissent dépassées par ces casseurs, comme ils le furent en partie au cours de l’insurrection « post 49-3 » imposé par l’exécutif. Nous souhaitions majoritairement que le droit puisse se manifester sans la force, nous avons assisté de plus en plus médusés au déploiement d’une force en marge du droit, au mépris de la loi, au mépris, en définitive, du peuple, qui en démocratie en constitue le pouvoir constituant originaire. La vraie question, à mon sens, est celle d’une définitive crise de l’autorité, une crise qui sur la plupart des sujets ne saurait être jugulée par celles et ceux qui nous ont toujours gouvernés. En effet, c’est leur idéologie qui est ontologiquement fausse, leur « logiciel », comme l’on dit aujourd’hui, qui est dépassé, suranné, inadapté, inefficace. A croire que seuls les membres de notre gouvernement ou ceux qui en sont proches par intérêts personnels ou professionnels, semblent se satisfaire de leur action, même s’ils sont toutefois de moins en moins nombreux. Pourtant, sans une révolution préalable des mentalités en termes de changement de paradigme, aucune action publique ne pourra désormais être réellement couronnée de succès. Nous sommes à l’heure des irresponsables alors même que nous aurions un urgent besoin que nos hommes politiques devinssent des hommes d’Etat. 

2- Dans quoi basculons-nous ? Qu’est-ce que cela traduit sur la société française et sur l’état des tensions à travers le pays, alimentées par la mobilisation contre la réforme des retraites ?

Les opposants les plus radicaux sont pour la plupart mus par une idéologie d’extrême-gauche ou écolo-gauchiste. Pour les tenants de cette idéologie, qui prospèrent sur l’intolérance et le paradoxe, l’Etat de droit « c’est eux ». Au nom de la démocratie, de la République, de l’Etat de droit, des droits fondamentaux, de l’universalisme, mais surtout du « respect des différences » et de « la liberté d’expression » ils prétendent lutter contre toute forme de discrimination. Toutefois,  si la différence est une richesse, il ne faut pas que cette différence soit différente de ce qu’ils pensent ; au fond, l’Etat de droit c’est toujours pour les autres. Il s’agit d’un constat objectif et nullement subjectif. Dès lors, ces individus considèrent que le fait de lancer des boules de pétanque en direction des forces de l’ordre, se munir de haches ou de lance-pierres, constituent les fondements sains d’un vrai dialogue constructif. Ce sont surtout des personnes qui profitent du chaos pour exister car, à y regarder de près, une majorité d’entre eux sont incapables d’expliquer clairement en quoi ils seraient opposés à ce projet. En revanche, ces « blacks-blocks »néo-ruraux pourraient s’exprimer de façon plus savante s’agissant des motifs pour lesquels ils souhaitent avoir recours à la violence. Leurs arguments seraient les suivants : « nous cassons parce qu’il faut casser et pourquoi faut-il casser ? parce qu’il faut casser ». Autrement dit, la tautologie d’une violence à l’état pur, à l’état brut, cette violence dont pourtant les fondements, de Robespierre aux régimes totalitaires du XX ème siècle, a conduit aux drames que l’Europe a connue. En réalité, les bassines constituent des prétextes pour y déverser leur haine, leur haine de la démocratie, leur haine de l’ordre républicain, leur haine des nations les mieux établies qu’ils souhaiteraient voir renversées par des régimes de type castriste ou maoïste (la « Révolution culturelle » ce sont 80 millions de morts) ; il s’agit en réalité de délinquants de la pensée, des « escrocologauchistes ». 

3- L’appareil judiciaire peut-il répondre efficacement face à ces militants radicaux ? Y a-t-il un laxisme judiciaire ou une certaine forme de complaisance ? (notamment suite aux communiqués récents du Syndicat de la magistrature suite aux interpellations en marge des manifestations contre la réforme des retraites) ?

La justice pénale fonctionne, en France, de façon paradoxale. Elle est souvent laxiste lorsqu’il s’agit de militants radicaux et sévère à l’encontre d’un honnête citoyen qui se sera rendu coupable de la moindre faute sans réelles conséquences pour qui que ce soit ; elle est clémente lorsque des policiers se font agresser voire plus indulgente à l’endroit du voyou agresseur qu’envers le policier qui aura riposté en légitime défense. Par conséquent, une justice pénale sévère lorsque parfois les délits présumés ne portent nullement atteinte à l’ordre public ; en revanche, empreinte d’empathie à l’endroit d’incivilités qui empoisonnent pourtant le quotidien de gens paisibles. Elle est en fait trop imprégnée d’idéologie, par conséquent ne peut faire montre d’une réelle objectivité ni impartialité. En réalité, nous assistons au développement croissant d’une justice qui objective sa subjectivité en raison de son idéologie. Notre justice est incapable de se soumettre au principe wébérien de « neutralité axiologique », c’est dire de faire abstraction de ses valeurs, de ses pensées, dans l’acte de juger. On retrouve en effet toujours la même dimension idéologique dans l’acte de juger car, sur un plan symbolique, le délinquant demeure une victime même si son casier judiciaire est chargé alors que le « Bourgeois Gentilhomme » est nécessairement auteur, auteur d’infraction, car il a nécessairement « dû voler le pauvre pour en arriver là » ; auteur d’être, en définitive, trop bien né. Si le délinquant « non bourgeois »peut être responsable mais non coupable, le « non-délinquant bourgeois » est nécessairement coupable car nécessairement responsable de ses actes, il ne sera donc pas, lui, accessible au pardon. Or, le casseur, qui est systématiquement d’extrême-gauche et jamais de droite, puisque je soutiens la thèse selon laquelle l’extrême-droite en France n’existe plus depuis 1945, arbore facilement aux yeux de certains magistrats le statut de la victime. Or, en tant que victime, il ne saurait être sanctionné à la même hauteur qu’un individu épousant plutôt des idées conservatrices car, ce dernier, est nécessairement toujours un peu coupable car appartenant prétendument au camp des « possédants ». Pourtant, les études sociologiques démontrent qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. En réalité, le patrimoine de notre « bourgeois conservateur »est bien souvent inférieur à celui des casseurs qui sont eux, bien souvent, les vrais « bourgeois post-capitalistes ». Pour le dire autrement, pensez-vous que M. Jean-Luc Mélenchon soit une malheureuse victime qui ait à la fois travaillé durement toute sa vie pour s’en sortir et manqué d’argent… ? Ouvrons les yeux et soyons sérieux… 

4- Avons-nous assisté à une forme d’éco-terrorisme ? Ces mouvements d’extrême gauche sont-ils de plus en plus organisés ? La société française a-t-elle basculé dans la radicalité dans le cadre de la contestation sociale ?

Oui, je le crois. Cette contestation est d’autant plus radicale que ces mouvements d’extrême-gauche ultra-violents ont compris que nos Etats démocratiques étaient faibles car trop strictement fondés sur le droit, presque même inconditionnellement fondés sur des règles de droit, sacrifiant ainsi au sacro-saint principe du patriotisme constitutionnel, inspiré par l’Ecole de Francfort et forgé par le philosophe allemand Jürgen HABERMAS. En effet, regardez les préconisations fort habermassiennes qui ont été données récemment par le Conseil européen au président Macron… Alors même qu’à l’évidence ce sont des mouvements radicalisés qui ont attaqué les forces de l’ordre lors des mobilisations à l’encontre de la réforme des retraites, cette institution européenne en a tiré l’argument que ce sont les policiers en France qui étaient trop violents ! Et quelle fut à votre avis la réponse apportée par le préfet de police de Paris aux remontrances de M. Charles Michel ? Pensez-vous que l’intéressé songea un instant à soutenir les forces de l’ordre en pareilles circonstances ? Non, ce haut fonctionnaire a bien évidemment saisi l’IGPN ! On ne peut en définitive que donner encore raison au philosophe Michel ONFRAY lorsqu’il intitule son dernier ouvrage « la nef des fous »…

5- Jean-Luc Mélenchon a dénoncé des violences policières à Sainte-Soline et a critiqué les BRAV-M. Le soutien de Jean-Luc Mélenchon envers les mouvements de contestation ne ressemblent-ils pas de facto à une incitation à l’insurrection ? Faut-il un cordon sanitaire face à l’extrême gauche et exiger des alliés de LFI qu’ils se décident à être soit en dehors du champ républicain, soit dedans ? Est-il temps de traiter LFI comme le FN l’était du temps de Jean-Marie Le Pen ?


M. Jean-Luc Mélenchon est un irresponsable politique. Il constitue, à mon sens, un danger pour notre démocratie, pourtant déjà fragile. Ayons le courage de reconnaître que ce n’est ni le RN ni Reconquête qui constituent une menace pour nos droits et libertés mais sans aucun doute possible LFI et ses séides sous l’acronyme de la NUPES. Le RN et Reconquête constituent deux formations qui reprennent l’idéologie politique du RPR des années 80, même si elles diffèrent sur les questions sociales. De plus, les électeurs de ces deux partis constituent d’excellents citoyens, respectueux de nos lois et de nos institutions. Le RN et Reconquête ne cassent rien, LFI, oui. Le RN et Reconquête n’appellent jamais à agresser des policiers, LFI, oui. Etc. Une honnêteté minimale de la part de notre chef de l’Etat consisterait à le reconnaître enfin. Je considère toutefois que notre président, même s’il le pense dans son for intérieur, n’aura jamais le courage de l’avouer. Surtout publiquement… Puis, n’oublions pas que la politique est fondée sur le mensonge, la vérité n’en constituant que l’exception. La position la moins compréhensive demeure toutefois celle des Républicains, pourtant plus sensibles aux débats régaliens depuis l’élection à leur présidence de M. Eric Ciotti. En effet, si l’actuel président de LR est un homme remarquable, on ne comprend toujours pas sa réticence à créer une grande formation des droites incluant le RN et Reconquête. L’argument souvent avancé consiste à répéter qu’il vaut mieux perdre avec ses idées que gagner avec celles des autres. Or, la difficulté c’est qu’il n’existe plus aucune idée chez LR, il s’agit d’un désert sans oasis. J’ai acquis la conviction que LR est mort ou moribond. C’est ainsi que le seul cordon sanitaire qui pourrait être dressé face à LFI serait celui d’une alliance entre le RN, Reconquête et les éléments les plus intelligents de LR, ils sont peu nombreux et ceux qui l’étaient ont trahi en rejoignant LAREM, afin de contrer la montée d’une nouvelle forme d’éco-terrorisme d’autant plus dangereuse qu’elle bénéficiera du soutien d’élus démocratiquement élus.  


6- Concernant la responsabilité politique de la complaisance qui caractérisait pendant des années l’attitude des politiques face à l’extrême gauche et aux appels à la désobéissance civile (depuis les faucheurs d’OGM etc…), comment justifier que Génération identitaire soit dissoute pour une banderole ou une action pacifique dans les montagnes quand on tolère de telles violences comme à Sainte-Soline de l’extrême gauche militante ? 

Ce traitement inéquitable et honteux n’est que le fruit de calculs politiciens. En effet, la République en Marche aura toujours besoin au second tour de l’élection présidentielle face au RN ou bien, il faut l’espérer, d’une coalition de droite sociale, populaire et conservatrice, du soutien de mouvements d’extrême-gauche, subsumés au sein de la NUPES. Disons le encore différemment : si une personnalité de premier plan réussissait à réunir le camp de la droite populaire représenté par les personnalités précitées, sans oublier un homme également de grande valeur, M. Nicolas Dupont-Aignant, le pays basculerait sans doute définitivement dans ce camp alternatif. Il est donc urgent pour notre actuelle classe politique de saper les fondements de tout ce qui pourrait l »entraver. Autrement dit, une action pacifique de Génération identitaire, dont les membres étaient non-violents, studieux et intelligents, apparaît dans le monde inversé qui est le nôtre, comme infiniment plus dangereuse que des actions à répétitions de groupuscules d’extrême-gauche qui en appellent à la destruction de notre Etat de droit. Aussi, de deux choses l’une. Soit notre président de la République en vient à reconnaître ce que la société civile sait depuis plus de 20 ans, à savoir que ce n’est pas la droite populaire qui constitue un danger mais l’extrême-gauche et alors son camp est battu dans 3 ans, étant précisé que notre chef de l’état ne peut plus se représenter à un troisième mandat ; soit, seconde option, le chef de l’exécutif ainsi que son ministre de l’intérieur ne disent mot et alors ils se réservent encore la possibilité de récupérer au second tour ce « lumpemprolétariat électoral » que constitue la gauche extrême. Dans ces calculs politiciens, demeure toutefois la grande oubliée, la seule pourtant qui ne devrait pas l’être car son destin transcende ou devrait transcender cette micropolitique utilitaire court-termiste, la grande oubliée c’est la France. 
 
Gérald PANDELON, avocat au barreau de Paris et à la Cour pénale internationale de La Haye, universitaire. 
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Mots-clefs : black-blocks, Darmanin, violences

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Commentaires (1)

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    admin

    27 mars 2023 à 9:26 | #

    Magnifique analyse, presque trop détaillée et rédigée dans un beau style comme une thèse de 3ème cycle !
    Bien que très « professoral », il doit être lu jusqu’au bout pour saisir toute les valeurs argumentaires.

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