Nous avions prévu d’ouvrir ce « Clin d’œil » par un commentaire sur le premier Conseil des ministres franco-allemand depuis la réélection d’Angela Merkel. Nous y reviendrons mais les projecteurs de l’actualité se sont braqués sur l’Ukraine, où la situation s’est soudainement aggravée, avec des dizaines de manifestants tombés sous les balles de la police.
Le président ukrainien a alors annoncé des concessions d'importance : des élections présidentielles anticipées, un retour à la Constitution de 2004 (qui réduit les pouvoirs du président au bénéfice du gouvernement et du Parlement) et la formation immédiate d'un gouvernement d'unité nationale.
Les choses ont ensuite évolué très vite. Ianoukovitch a déserté Kiev et le Parlement a voté sa destitution; l’ancienne Premier Ministre Ioula Timochenko, qui était emprisonnée depuis deux ans, a été libérée et une nouvelle élection présidentielle a été annoncée pour le 21 mai. Olexandre Tourtchinov a été nommé président par intérim. Les médias français présentent ces évènements comme une victoire totale de l’opposition et comme la porte ouverte à un rapprochement de l’Ukraine avec l’Union Européenne interrompu sur oukase russe. Il est probable que M. Ianoukovitch n'a jamais vraiment eu l'intention l'an passé de signer quoi que ce soit avec Bruxelles. Mais tout le temps de cette négociation, Moscou a mené une guerre commerciale impitoyable à l'Ukraine, pour forcer ce pays à rester dans le giron russe. Poutine, pour qui c’est une bataille-clé dans le combat qu'il mène pour reconstituer la zone de domination autour de la Russie, laissera-t-il reprendre les négociations avec l’UE ?
Et que peut offrir l’Union Européenne pour contrer l’accord d'assistance financière signé avec le Kremlin à la mi-décembre 2013, soit 15 milliards de dollars pour sauver l’Ukraine de la faillite et une importante réduction du prix du gaz fourni par la Russie ? Déjà, Moscou menace de limiter ses aides à la partie russophile et russophone de l’Ukraine (un tiers de la population), tout en assurant qu’il ne souhaite pas la scission de l’Ukraine. Autant de questions qui nous empêchent de crier victoire.
Pour l’anecdote, les opposants ont envahi la résidence privée de Victor Ianoukovitch, près de Kiev. Ils y ont découvert une luxueuse villa, un golf, un sauna, un zoo et une galère en bois.
Toutes proportions gardées, la France n’a pas échappé à l’atmosphère de fronde qui règne un peu partout. Une banale protestation des écologistes contre la construction de l’aéroport de ND des Landes s’est transformée en une émeute qui a dévasté le centre-ville de Nantes. Son ancien maire J.M Ayrault et le ministre de l’Intérieur crient au scandale… mais les Verts restent dans la majorité !
Le Conseil des ministres conjoint entre la France et l’Allemagne était plein de promesses. Angela Merkel étant désormais accompagnée de ministres sociaux-démocrates tandis que Hollande se présente depuis sa récente conférence de presse comme un social-démocrate lui-même. Grande déception pourtant ! Le communiqué final ressemble en effet beaucoup aux fameuses « synthèses » dont Hollande a toujours eu le secret. Citons quelques exemples :
– La France et l’Allemagne conviennent d’engager un programme de convergence qui vise à rapprocher les facteurs déterminants pour la compétitivité des économies tout en préservant le modèle social.
– Elles se félicitent de l’instauration d’un véritable dialogue social franco-allemand.
– La France et l’Allemagne donneront rapidement une impulsion afin de présenter des propositions conjointes avec leurs partenaires européens en vue d’obtenir le plus large accord possible avant les élections européennes.
– Un groupe de travail associant les deux services de législation fiscale examinera les possibilités de rapprochement de la structure de taxation des entreprises en France et en Allemagne.
L’art de ne rien dire, ou pas grand-chose ! Notre président n’a pas perdu la main !
Un peu plus tôt dans la semaine, François Hollande avait convoqué les dirigeants de grandes entreprises internationales pour les encourager à investir en France. Huit mesures ont été annoncées, dont la seule qui présente le moindre intérêt est sa promesse que la fiscalité des entreprises restera stable. Il est vrai que le constant chamboulement de notre fiscalité n’encourageait pas les sociétés étrangères à investir en France. Mais, après dix huit mois d’augmentations diverses, promettre que l’on va cesser d’en inventer de nouvelles sera très loin d’être suffisant. Les sept autres mesures relèvent d’un état d’esprit socialiste : création de structures, aides financières et simples promesses de « simplification » de procédures.
François Hollande a malgré tout trouvé le temps d’ouvrir l’incontournable Salon de l’agriculture. Arrivé de bon matin en limousine et non en scooter, il s’est démarqué de ses prédécesseurs en évitant la familiarité chiraquienne envers les bovins et la frugalité sarkozienne, pour faire honneur aux produits du terroir qui lui étaient tendus. Un service de sécurité efficace lui a également évité de se montrer malpoli avec les malotrus. Pour le reste, il a déclaré bien connaître les difficultés du monde agricole pour avoir été élu dans une région de paysans. Ces derniers ont semblé moins comprendre les difficultés du monde politique !
La bonne nouvelle de la semaine nous vient du Nord–Pas-de-Calais qui vient de faire un pas vers l’exploitation d’un nouvel hydrocarbure non conventionnel : le gaz de couche, dont l’exploitation ne nécessite pas de fracture hydraulique. Reste à savoir si le sous-sol français en est riche et des forages exploratoires devraient commencer dès la fin de l’année.
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